Sécurité Sociale de l’alimentation – bilan de l’expérience étudiante ULB

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Un colloque s’est tenu le 17 novembre à Bruxelles pour transmettre les résultats d’une saison universitaire d’expérimentation.

Une Sécurité Sociale de l’Alimentation étudiante – SSA a vu le jour il y a quelques mois à l’Université Libre de Bruxelles – ULB. Ce projet tenait compte des spécificités du public étudiant, notamment que ce public se renouvelait en partie sur un campus d’une année à l’autre. Ce projet prévoyait donc dès le départ une seule expérience sur quelques mois.

Le principe : 70 étudiantes et étudiants de l’ULB ont reçu 100€ par mois pour faire leurs courses alimentaires de septembre 2024 à juin 2025 et en parallèle ils·elles assistaient à une série d’ateliers pour mieux comprendre les systèmes alimentaires. L’ambition était que ces étudiants puissent avoir accès à une alimentation choisie et de qualité en identifiant les leviers et les freins.

L’enjeu était d’expérimenter et de documenter ce test de démocratie alimentaire porté par l’ASBL As Bean en partenariat avec un centre de recherche : le Centre d’Etudes Economiques et Sociales de l’Environnement – CEESE.

Qu’est-ce qu’une Sécurité Sociale de l’Alimentation ?

L’idée de la Sécurité Sociale de l’Alimentation – SSA est d’étendre la Sécurité Sociale actuelle qui tend à prévoir un système solidaire à l’ensemble de la société, dans le domaine alimentaire. Le but est de garantir le droit universel à une alimentation choisie et de qualité. La Sécurité Sociale de l’Alimentation s’est déjà déclinée en plusieurs projets et expérimentations en Belgique et en France.

Pourquoi cette expérience auprès d’étudiants ?

Un moyen de lutte contre la précarité étudiante

Les étudiants⸱tes représentent un public varié mais un public où la précarité existe et notamment la précarité alimentaire. À l’ULB 28% des étudiants⸱tes vivent une situation d‘insécurité alimentaire. De plus, les étudiants⸱tes confrontés à des situations de privation matérielle connaissent une moins grande réussite. Forcé⸱es parfois à renoncer à un certain nombre de dépenses ou à avoir un emploi par obligation financière ce qui tend à leur faire rater des cours. Le recours aux aides sociales, est souvent réduit aussi car méconnu.

Une expérience de démocratie et d’échanges

Ce projet était aussi une possibilité d’expérimenter et de construire ensemble pour les étudiantstes un réseaux de points de vente conventionnés pour l’expérience. Il a fallu faire des choix collectifs pas évidents car chaque manière de consommer, chaque situation est singulière.

Des témoignages de 2 étudiantes sont venus illustrés le bilan de l’expérience.

Le besoin de simplement manger dans un contexte de précarité a parfois percuté le souhait de qualité ou d’éthique envisagé via des critères choisis pour la sélection des points de vente. Cette expérimentation a ouvert les discussions et a permis des partages de parcours très différents au sein des groupes étudiants. A tel point que certain⸱nes auraient voulu prolonger et renforcer les échanges ou encore pouvoir discuter avec des élus, des représentants politiques.

Un apprentissage des choix alimentaires

Le cycle d’ateliers proposé a permis de mieux comprendre les rouages des systèmes alimentaires actuels et de franchir les portes de certains magasins, ou lieux de vente, qu’il·elles n’avaient pas forcément osé découvrir avant. De nouvelles manières de consommer, de nouveaux produits ou encore de nouvelles habitudes ont aussi été testés.

Il a été précisé que 100€ représentait toutefois un budget serré, ce qui pousse à faire certains choix dans ses achats et à s’adapter, comme prendre le temps de cuisiner, découvrir des produits de saison. Certaines personnes se sont dit que c’était possible de venir dans des magasins moins habituels, qu’elles ne s’autorisaient pas forcément avant, pour acheter une alimentation de qualité. La fin de l’expérience marquant cependant l’impossibilité financière de continuer à consommer de cette manière. La question donc de l’après et de comment y retourner se pose. Une période de comportements mis en latence peut toutefois présager d’un retour à ces comportements dès que leur situation financière leur sera possible : un emploi à la fin de leurs études par exemple. L’expérience s’inscrit aussi dans le temps long qui ne sera pas forcément mesurable.

Une nouvelle approche de la Sécurité Sociale de l’Alimentation

Saluons à l’issue de ces résultats et des présentations, la transparence des coordinateurs du projet, qui se sont donné la possibilité de mettre en lumière leurs doutes et les risques envisagés d’une SSA à plus grande échelle.

L’équipe du projet a présenté des pistes pour la suite et sa vision de l’avenir de la SSA. Des dispositifs de caisses de sécurité alimentaire à l’échelle locale seraient alors préférables, plutôt qu’un système généralisé à une échelle plus large. Le prolongement se fera aussi au sein de la sphère politique.

Cette journée de présentation aura mis en lumière les résultats de recherche de cette expérimentation, des retours de terrain, des témoignages, ainsi que d’autres expériences menées en France et en Belgique. Un colloque où les enjeux de la SSA ont été mis en avant et en débats.

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