Semaine de sensibilisation à la dénutrition – l’action d’ONCA Belgium

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Du 17 au 23 novembre 2025 partout en Belgique : la Malnutrition Awareness Week

MAW : sensibiliser et passer à l’action dans les milieux de soin !

ONCA Europe (Optimal Nutrition Care for All) et ses différentes antennes nationales organisent chaque année la Malnutrition Awareness Week (MAW), soit la semaine de sensibilisation à la dénutrition. Cet événement, mené simultanément dans plusieurs pays européens, vise à informer les professionnels⸱les de santé et le grand public sur l’importance de dépister et de traiter la dénutrition le plus tôt possible.

Une campagne pour souligner qu’une nutrition adaptée doit être considérée comme un véritable traitement, au même titre qu’une médication ou une intervention chirurgicale.

L’événement en est aujourd’hui à sa troisième édition. Depuis quelque temps, l’ESPEN (European Society for Clinical Nutrition and Metabolism) est devenue un des partenaires clé, permettant une diffusion plus large des actions portées par l’ONCA.

La dénutrition : un problème invisible aux conséquences potentiellement graves

Soutien dénutrition âge faiblesse nutrition ONCA

La dénutrition survient lorsque les apports en énergie et en protéines ne couvrent plus les besoins de l’organisme. Elle se traduit par une perte de masse musculaire, une résistance plus faible aux traitements, un risque accru de complications post-opératoires et une altération générale de la qualité de vie.

Souvent confondue avec une « mauvaise alimentation », la dénutrition sur laquelle travaille ONCA Belgium concerne avant tout celle liée à la maladie et/ou à l’âge et au vieillissement. Elle ne résulte donc pas de choix alimentaires inadéquats ni de troubles du comportement : « Il faut bien comprendre que la dénutrition correspond à l’état nutritionnel du patient, ce n’est pas une mauvaise alimentation ! », souligne Sylvie Farine, diététicienne et directrice du Service Diététique de H.U.B.

Cette confusion fréquente contribue à rendre le problème invisible. Contrairement à l’obésité, la dénutrition ne se perçoit pas immédiatement : elle s’installe souvent de manière silencieuse, jusqu’à ce que la perte de poids et la faiblesse musculaire deviennent évidentes.

L’ambition d’ONCA : promouvoir la nutrition comme un soin à part entière !

Créée il y a une dizaine d’années, l’initiative européenne ONCA réunit des professionnels⸱les de santé, des scientifiques, des hôpitaux et des associations autour d’un objectif commun : promouvoir le soin nutritionnel pour tous et toutes !

Son action s’inscrit dans la continuité d’un projet initialement intitulé “Fight Against Malnutrition”, qui soutient désormais la nutrition optimale plutôt que « combattre » la dénutrition.

Depuis maintenant quelques années les actions portées par ONCA ont pris une ampleur dans une vingtaine de pays européens.”, informe André Van Gossum, médecin gastroentérologue spécialisé en nutrition clinique à H.U.B. – Hôpital Universitaire de Bruxelles.

En Belgique, ONCA agit comme une plateforme de collaboration : “des scientifiques, des soignants⸱es, des acteurs publics font partie d’ONCA pour sensibiliser à la dénutrition spécifiquement liée à l’âge ou à la maladie” précise André van Gossum.

Le SPF Santé publique soutient les actions d’ONCA Belgium. La plateforme compte parmi ses partenaires des membres de l’AVIQ, de l’Université d’Anvers, du Gezondleven, parmi d’autres acteurs du secteur.

Ses membres sensibilisent les différentes parties prenantes de l’importance du dépistage et de la prise en charge nutritionnelle notamment chez les personnes âgées ou atteintes de maladies. Pour ces populations, la dénutrition reste un enjeu de santé publique encore trop méconnu !

Un enjeu de santé publique et sociétal

Cette dernière doit dès lors être accompagnée d’une certaine qualité de vie et la nutrition peut et doit y être associée.

La dénutrition a un impact sur le pronostic global du patient. Avec le vieillissement de la population et donc l’allongement de la durée de vie, le nombre de patients⸱es à risque de dénutrition augmente. Il faut également souligner l’augmentation de l’incidence des maladies dites chroniques (maladies non transmissibles), dont les cancers, les troubles métaboliques, pour lesquelles les traitements permettent de plus en plus de prolonger l’espérance de vie.

La perte de poids lié à une maladie est souvent perçue positivement dans un contexte sociétal où “maigrir” est valorisé, alors qu’elle peut signaler une situation grave : “Le patient se réjouit parfois de perdre du poids, mais il ignore que cela fragilise tout son organisme”, ajoute Sylvie Farine.

Le phénomène de la dénutrition est donc souvent sous-estimé, autant ses causes que ses conséquences ! De plus en plus d’outils existent heureusement, entre autres pour le dépistage avec les critères GLIM2 (Global Leadership Initiative on Malnutrition) ou encore les différents Fact Sheets produits par l’ESPEN qui permettent de faciliter la compréhension de données cliniques.

Visuel dénutrition liée à la maladie explications
Visuel explications première ligne soin lié à la dénutrition

Intégrer la nutrition au parcours de soins

HUB - infirmière ONCA Manger Bouger

Pour les deux experts, l’enjeu principal est d’intégrer le soin nutritionnel au même niveau que les autres traitements médicaux : “Le support nutritionnel doit être considéré comme une thérapeutique à part entière. Ce n’est pas un ‘à-côté’, c’est un traitement qui influe sur le pronostic et la qualité de vie du patient”, affirme André Van Gossum.

L’un des grands défis reste la prévention, en amont de l’hospitalisation : “À l’hôpital Érasme, nous avions développé un trajet de soins pour dépister la dénutrition avant l’admission et renourrir les patients avant une opération. Les résultats étaient probants, mais cela demande une organisation globale, impliquant les médecins généralistes et les diététiciens⸱nes”, explique Sylvie Farine.

Prévenir et dépister précocement cet état permet non seulement d’améliorer la qualité de vie mais aussi de réduire les coûts de santé liée aux complications évitables !

Le frein du remboursement des consultations diététiques

En Belgique, un obstacle majeur demeure : le manque de remboursement généralisé des consultations diététiques ! “C’est assez perturbant : les diététiciens⸱nes jouent un rôle central dans la prévention et le suivi, mais leurs actes ne sont pas remboursés, sauf dans quelques pathologies spécifiques comme le diabète infantile où il y a des conventions”, déplore André Van Gossum.

Certaines mutuelles proposent aujourd’hui des remboursements partiels, mais l’absence d’un cadre national clair reste un frein à une approche cohérente. “Si la dénutrition est enfin reconnue comme une pathologie, cela pourrait ouvrir la porte à de nouveaux leviers politiques pour la prise en charge diététique.”, espère André Van Gossum.

Une reconnaissance internationale en vue !

Bonne nouvelle ! La dénutrition liée à la maladie et à l’âge va bientôt faire l’objet d’une reconnaissance officielle par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle sera considérée comme un trouble métabolique endocrinien, comme une pathologie au sens propre, ce qui permettra de la codifier dans les classifications internationales.

Un remboursement des soins pourrait alors être reconnu et envisagé. Une étape essentielle pour mieux la diagnostiquer, la documenter et, à terme, favoriser une meilleure prise en charge de la part des soignants⸱es et plus largement, des systèmes de soins de santé.

Des ambitions et des perspectives de développement pour ONCA Belgium

Les actions prioritaires d’ONCA Belgium se concentreront autour de quatre axes :

  • L’éducation et la formation : améliorer les connaissances nutritionnelles des soignants⸱es : “Il existe beaucoup de formation en diététique donnés par des universités pour les médecins mais ce n’est pas une reconnaissance ministérielle. Nous aimerions que ces formations soient améliorées ”, explique André Van Gossum.
  • La reconnaissance professionnelle : protéger le titre de diététicien et éviter les dérives de “nutritionnistes autoproclamés”.
  • Le remboursement des suppléments nutritionnels oraux. En effet, en Belgique, les compléments nutritionnels oraux ne sont pas remboursés, contrairement à la France.
  • L’amélioration des repas hospitaliers : augmenter leur qualité et leur valeur nutritionnelle, actuellement trop limitée.

Ces 4 axes s’ajoutent aux recommandations citées dans le manifeste lancé à l’occasion de la #MAW2025, dont :  

  • Le pouvoir de la collaboration entre les professionnelsles de la santé, les décideurs politiques et les patients pourrait remodeler l’avenir des soins nutritionnels ; 
  • L’implication active de la direction des hôpitaux et des maisons de repos et de soins est indispensable pour mettre en place les moyens nécessaires à la prise en charge de la dénutrition ; 
  • Le soutien du SPF Santé publique constitue également un levier important pour encadrer, valoriser et renforcer ces initiatives. 

Enfin, ONCA Belgium plaide pour une action politique concertée, afin que la dénutrition bénéficie de la même visibilité que d’autres enjeux liés aux maladies métaboliques comme l’obésité ou le diabète : “L’obésité est visible et médiatisée, la dénutrition ne l’est pas. Pourtant, elle a des conséquences tout aussi graves. ONCA Belgium veut rendre ce problème visible et montrer qu’on peut agir, dès les premiers signes”, conclut André Van Gossum.

Des outils de communication sont à disposition des professionnels de santé et du public (en français et en néerlandais) pour sensibiliser à la dénutrition. Ces outils ont été développés dans le cadre des accompagnements méthodologiques proposés par Question Santé asbl  :

Affiche dénutrition liée à la maladie ou à l'âge 2025 ONCA MAW
Mini guide communication dénutrition 2025
  • Une Toolbox avec des supports de communication, dont :
    • Une affiche grand public incluant un message de prévention.
    • Un mini guide de stratégies de communication pour les institutions.
    • Un Save-the-date avec des idées d’actions locales pour sensibiliser à la dénutrition.
  • Des articles thématiques et scientifiques autour de la dénutrition.
  • Un texte de manifeste «  La nutrition n’est pas un soin accessoire, c’est un soin fondamental ! ».
  • Des Fact Sheets de l’ESPEN.
  • Des visuels pour les écrans des salles d’attente, des pharmacies, etc.
  • Des hashtags à utiliser pour maximiser la visibilité des actions : #MAW2025 #BeONCA #Malnutrition #ManifestOncaBelgium
Picto pommes personnage Manger Bouger avec notes

  1. André Van Gossum est Médecin gastroentérologue spécialisé en nutrition clinique à H.U.B. – Hôpital Universitaire de Bruxelles et coordinateur de Be ONCA. Sylvie Farine est Diététicienne, Directrice du Service Diététique H.U.B. et coordinatrice de Be ONCA ↩︎
  2. Cederholm, T. et al. (2025). The GLIM consensus approach to diagnosis of malnutrition : A 5-year update. Clinical Nutrition, 49, 11‑20. https://www.clinicalnutritionjournal.com/article/S0261-5614(25)00086-X/fulltext ↩︎

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