Pourquoi est-ce parfois difficile de bouger plus ? Que pourrions-nous essayer ?

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Tous les messages de santé publique mettent en avant l’activité physique en valorisant les bienfaits qu’elle apporte. On le sait tous, c’est bien de bouger. Mais pourquoi cela ne semble pas si évident dans notre quotidien et comment faire pour essayer de réaliser quelques mouvements de plus chaque jour pour un effet bénéfique pour nous ? Quelques petits pas supplémentaires seront toujours profitables prenons en conscience !

Qu’est-ce qui nous empêche de bouger ?

Ce n’est souvent pas faute de le savoir ou de le vouloir, mais il peut être difficile d’appliquer les recommandations qui nous incitent à bouger plus. Plusieurs facteurs qui nous dépassent en tant qu’individu nous poussent à moins bouger au quotidien : notre évolution biologique, nos acquisitions culturelles, ainsi que nos craintes et nos environnements physiques dans lesquels nos vies se déroulent, ne nous aident pas à adopter un mode de vie toujours actif.

Le manque de motivation individuelle est parfois mis en avant et pointé du doigt. Cette explication simpliste liée à notre absence de volonté supposée est contre-productive et ne prend pas en compte un certain nombre de paramètres où nos occasions de bouger sont souvent bien trop rares dans nos quotidiens1.

Une tendance naturelle vers moins d’effort ?

Notre évolution biologique en tant qu’être humain aurait privilégié par sélection naturelle, les comportements qui économisaient notre énergie lorsque la nourriture était plus difficile à trouver2. Pour favoriser la survie de notre espèce, il semblerait donc que nous soyons programmés pour nous économiser. Pourtant nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, eux parcouraient certaines distances quotidiennes : 14 km par jour en moyenne. Il apparaît alors que l’évolution aurait favorisé les comportements capables de bouger, se déplacer tout en s’économisant et en gérant l’effort3.

Nous pouvons l’expérimenter par exemple : lorsque nous voyons arriver notre bus ou notre train et que nous avançons plus rapidement, en nous mettant même à courir pour arriver à temps. Dès que notre effort nous paraît suffisant et que nous sommes certains⸱es de pouvoir accéder à notre bus ou train, bien souvent nous ralentissons alors le pas.

Nous serions donc probablement programmés pour nous économiser avec peut-être même une « attraction sédentaire » qui serait ancrée dans notre cerveau .

Et notre éducation dans tout ça  ?

Au-delà de l’aspect biologique, intéressons-nous à ce qui nous a construit d’un point de vue social et culturel. Notre éducation valorise bien souvent des enfants « sages » qui écoutent les professeurs⸱es, assis en classe. Dans nos sociétés l’apprentissage assis est largement favorisé.

Pourtant le philosophe Aristote enseignait déjà dans la Grèce antique en marchant avec ses élèves. D’autres écrivains ou penseurs ont également intégré la marche à pied dans leurs quotidiens ou dans leur manière de travailler comme Socrate, Nietzsche, ou Rousseau. Cependant nos écoles actuelles ne sont pas réellement adaptées à l’apprentissage en mouvement.

Comment nos espaces publics pourraient être repensés ?

Les environnements physiques qui sont au cœur de nos vies quotidiennes ont aussi une importance.

L’aménagement de nos communes, de nos villes, de nos lieux de travail ou de nos loisirs peuvent parfois nous limiter sans que nous en ayons véritablement conscience. Escalators, ascenseurs, options pour nous asseoir : ne nous encouragent pas véritablement à être actifs.

Notons aussi les infrastructures sécuritaires qui peuvent parfois être insuffisantes comme les pistes cyclables sécurisées ou encore le manque de trottoirs qui peuvent nous limiter dans nos envies d’adopter des déplacements actifs. Un cadre sécuritaire renforcé, prévu dans la conception même des espaces communs serait bénéfique pour nous encourager à bouger davantage. Citons par exemple la prise en compte d’espaces adaptés pour les enfants, les personnes âgées ou les personnes porteuses de handicap, avec des zones protégées, accessibles et des éclairages appropriés. N’oublions pas sur ce point, que des inégalités existent entre les villes et les espaces ruraux, où les aménagements peuvent être moins évidents à mettre en place à cause des distances souvent plus longues entre les différentes infrastructures et les habitations.

Notre environnement bâti est un élément important qui structure nos vies et qui pourrait être repensé dans nos politiques publiques pour favoriser le mouvement de chacun⸱ne. Des exemples de designs actifs4 pourraient être une solution supplémentaire. Le manque d’espaces verts de nos villes peut aussi freiner nos souhaits de bouger. Tenter d’en intégrer davantage dans nos espaces urbains peut être une bonne approche pour nos pouvoirs publics.

Comment les changements dans nos sociétés ont fait évoluer notre manière de bouger ?

La distance des promenades des enfants semble avoir évolué en quelques décennies. Leur possibilité à se déplacer autour de leur domicile aurait largement diminuée. Selon la carte réalisée par un médecin britannique5 représentant le rayon des déplacements autorisés en 4 générations dans sa famille, il apparaît que la distance est passée d’environ 10km pour un enfant de 8 ans en 1926 à 2km pour un enfant du même âge en 1950 et finalement 300m en 20076. Ces différences pourraient s’expliquer en partie par l’arrivée de véhicules motorisés dans de nombreux foyers et aussi certainement par des évolutions sociétales, d’ordre sécuritaire notamment.7

La technologie a également un impact sur nos modes de vie, elle facilite parfois notre quotidien et limite nos efforts notamment dans des tâches régulières, à des moments où nous aurions bougé sans y penser : les applications de livraison de nourriture par exemple ou dans une moindre mesure encore les robots tondeuses ou robots aspirateurs.

Les écrans capturent nos mouvements !

Dans nos loisirs, au travail, pour communiquer et simplifier nos vies, les écrans ont fortement transformé notre quotidien. Qu’il s’agisse d’ordinateur, de smartphone, de TV ou de tablette, notre temps d’écran est très important. Une part élevée de la population, plus de 35% de la population belge passe plus de 4h par jour sur les écrans de manière sédentaire assis ou allongé pour l’utilisation d’un écran, hors périodes considérées de travail ou liées à l’éducation en semaine8. Les jours de week-end, ce chiffre est encore plus élevé avec quasiment la moitié des hommes qui passent plus de 4h par jour.

La consommation d’écrans entraîne souvent des périodes longues et trop importantes passées assis ou couché, dans une position statique avec de faibles niveaux de dépense énergétique, c’est-à-dire de grandes périodes sédentaires, sur une chaise ou dans son canapé. Les réseaux sociaux, les plateformes de streaming dont le modèle est de capter au maximum et toujours plus notre attention avec divers procédés, jouent un rôle important dans notre sédentarité. Ces mécanismes se situent tant dans le contenu proposé que dans la manière de nous présenter les contenus : algorithmes, autoplay et IA notamment. Toutes ces évolutions technologiques ne nous aident pas vraiment à bouger davantage.

Et pourtant comment pourrions-nous essayer de bouger plus ?

Paradoxalement les écrans pourraient être une aide à plus de mouvements, montres et applications connectées nous poussant à davantage bouger. Tout comme une variété de séances de sport en ligne, disponibles à tout moment et surtout au meilleur moment pour nous, par exemple les séances de sport en ligne ADEPS.

N’oublions pas également les options de pauses actives qui pourraient faciliter la dynamique pour bouger.

Quelques autres options et astuces qui pourraient nous aider à plus bouger :

  • Essayons de ne pas nous asseoir systématiquement si on le peut, tentons de casser cette habitude : en attendant notre bus, dans les transports en commun, les salles d’attente.
  • Privilégions les escaliers lorsque cela est envisageable, surtout lorsque les escalators sont collés aux escaliers et qu’il y a moins de monde dessus, n’est-ce pas plus agréable ?
  • Réfléchissons avant de prendre l’ascenseur, et allons vers les escaliers en suivant les panneaux si nous le pouvons.
  • Essayons de préférer les déplacements plutôt que la livraison, comme pour l’achat de nourriture par exemple.
  • Trouvons des prétextes et occasions pour faire quelques pas de plus : nos petites courses en magasin ou aller récupérer nos colis ou achats dans un dépôt localisé facilement à pied si cela est possible, plutôt que de se faire tout livrer.
  • Tentons quelques pas après un repas : en écoutant de la musique ou un podcast, si nous avons besoin d’un petit divertissement en même temps.
  • Privilégions si cela est faisable les déplacements à pied, à vélo, en trottinette (non électrique), en rollers, skate board pour nous ou pour nos enfants ou ados par exemple.
  • Pensons à bouger lorsque nous sommes dans des périodes d’immobilité, en nous levant toutes les 30 minutes et en faisant quelques pas. Par exemple lorsque l’on reste assis derrière un écran pendant nos loisirs : jeux vidéo, visionnage de séries, lecture, etc.
  • Essayons de mettre des alarmes sur nos smartphones avant d’aller sur les réseaux sociaux pour nous aider à limiter le scroll infini.
  • N’oublions pas de bouger le plus possible au travail si celui-ci est sédentaire grâce à des pauses actives, des réunions actives, en passant nos appels en marchant, en prenant l’air si cela est possible. Pour nous y aider, nous pouvons aussi programmer des alarmes avant de commencer la journée à des horaires précis. Et pourquoi ne pas imaginer des challenges entre collègues ?
  • Tentons plus de mouvements ludiques dans les moments de temps libre : jouons avec nos enfants, mettons de la musique pour danser et nous défouler, sortons promener nos animaux en changeant nos ballades, nos allures.
  • Envisageons ces quelques idées soit avec nos amis, nos familles, nos voisins : faire ensemble peut motiver davantage, ou seul au contraire, cela peut être l’occasion d’avoir un petit moment à soi.
  • Discutons des problématiques qui nous limitent dans notre volonté de bouger plus. Par exemple si nous trouvons que les possibilités pour faire nos courses à vélo sont limitées, n’hésitons pas à voir quelles ressources pourraient nous être utiles et comment interpeller les personnes qui pourraient elles aussi nous aider à faire changer cet aspect. C’est le cas d’Avello qui propose par exemple des lettres à transmettre à nos commerçants pour adapter les parkings vélos.
  • Si nous souhaitons que nos enfants puissent se rendre à l’école de manière active collective et sécurisée, pourquoi ne pas essayer de mettre en place avec d’autres parents ou le personnel de l’école un pedibus ou un vélobus.
  • N’hésitons pas à nous renseigner auprès des maisons médicales proches de chez nous, auprès de nos mutuelles ou encore de contacter nos communes. Des possibilités ou des aides existent parfois.

Pour finir

Rappelons-nous que 7 000 pas par jour9, qui correspondent environ à 20 – 30 minutes de marche est un bel objectif, bénéfique pour notre santé pour celles et ceux qui le peuvent et ne culpabilisons pas si cela ne nous est pas possible, plus nous ferons de mouvements, mieux ce sera. Essayons de limiter nos comportements statiques et sédentaires en nous levant toutes les 30-45 minutes : par exemple en allant boire un verre d’eau, en allant prendre l’air dans la nature, dans un parc.

N’oublions pas qu’un objectif qui nous semblerait trop élevé peut aussi nous décourager. Privilégions donc d’y aller progressivement à notre propre rythme. Même si les occasions de rester sédentaire ou assis sont parfois trop présentes dans nos vies et qu’il est peut-être difficile de se mettre en mouvement, rappelons-nous que chaque petit pas est une belle avancée pour notre santé !

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